Quels sont les enjeux de la gestion de la liquidité ?

Pour les Directeurs Financement et Trésorerie de grandes entreprises, la gestion des liquidités est un enjeu business critique. En effet, sécuriser un matelas de liquidités suffisant pour couvrir les engagements court-terme est un défi permanent. Dans cet article, nous revenons sur les fondamentaux à maîtriser pour naviguer dans le contexte actuel.

Qu’est-ce que la gestion des liquidités ?

Différence entre liquidité et trésorerie

Très souvent, les notions de liquidité et trésorerie sont confondues.

Les liquidités représentent l’ensemble des sommes immédiatement disponible pour une entreprise, comme l’argent en caisse et les fonds sur les comptes bancaires courants. C’est la forme la plus liquide des actifs. La trésorerie, quant à elle, est une notion comptable plus large car elle englobe :

  • les liquidités,
  • les placements à court terme facilement convertibles en argent,
  • les découverts bancaires (considérés comme négatifs).

Ainsi, la trésorerie donne une image plus complète de la situation financière à court terme de l’entreprise, en prenant en compte à la fois les ressources immédiatement disponibles et celles qui peuvent être rapidement mobilisées.

Principes de la gestion de la liquidité

La gestion des liquidités répond à un trois impératifs :

  1. Solvabilité : disposer à tout moment des liquidités suffisantes pour régler ses factures, salaires et échéances à court-terme.
  2. Rentabilité : les liquidités ont un coût (frais financiers des découverts par exemple) et rapportent peu (faible rémunération des dépôts). L’enjeu est donc d’optimiser son matelas de liquidités : suffisant pour couvrir ses besoins prévisionnels mais pas excessif pour ne pas peser sur la rentabilité.
  3. Sécurité : les liquidités doivent rester disponibles à tout moment. Il n’est pas conseillé de les investir sur des placements risqués ou de les immobiliser sur le long terme.

La gestion des liquidités, et plus largement la gestion de la trésorerie, est donc un exercice qui consiste à constamment équilibrer les flux d’argent entrants et sortants.

Quels sont les enjeux liés aux liquidités ?

Prévision et planification des flux de trésorerie

L’enjeu principal est d’anticiper précisément, à un horizon de 12 à 18 mois, l’ensemble des flux de trésorerie entrants (encaissements clients, cessions d’actifs, TVA…) et sortants (décaissements fournisseurs, salaires, impôts, remboursements d’emprunt…). Chaque mois, le trésorier établit un budget de trésorerie faisant ressortir ces flux.

Ce travail nécessite une vision à la fois globale sur l’année et détaillée au mois le mois, voire à la semaine près en période de tension. C’est un exercice complexe car une large part des flux est incertaine (chiffre d’affaires, investissements, niveaux de stocks…). Le trésorier doit souvent poser des hypothèses.

Les grandes entreprises ont pour habitude d’utiliser des logiciels de trésorerie pour automatiser la collecte des données auprès des nombreux services / départements, puis simuler des scénarios et produire des prévisions de trésorerie en temps réel.

Maintien d’un équilibre entre rentabilité et liquidité

L’objectif de ces prévisions est d’assurer en permanence un niveau de liquidités suffisant pour couvrir les décaissements. Concrètement, un trésorier vise un matelas de sécurité de 2 à 3 mois de chiffre d’affaires. Pour y arriver, il peut actionner les leviers suivants :

  • Raccourcir les délais d’encaissement clients
  • Allonger les délais de règlement fournisseurs
  • Réduire des stocks (qui représentent de l’argent immobilisé), accélérer leur rotation
  • Placer des excédents de trésorerie sur des supports sûrs et disponibles
  • Négocier de lignes de crédit avec les banques pour faire face aux imprévus

Exigences réglementaires impactant la gestion de la liquidité

La gestion des liquidités s’inscrit aussi dans un cadre réglementaire pour les grandes entreprises. Suite à la crise financière de 2008, les régulateurs ont durci les règles. Les grandes entreprises, notamment les institutions financières, doivent constamment afficher des ratios prudentiels sur leurs liquidités. Les deux plus importants sont :

  • Ratio LCR (Liquidity Coverage Ratio) : le niveau de liquidités destinés à couvrir les besoins sur 30 jours
  • Ratio NSFR (Net Stable Funding Ratio) : le capital stable disponible

Les entreprises qui affichent des ratios faibles encourent des sanctions lourdes (amendes, restriction d’activité…).

Quels sont les risques liés aux liquidités ?

Il y a quatre situations particulières qui font peser de gros risques sur les liquidités d’une entreprise :

  • Risque de prix : l’entreprise doit mobiliser des financements d’urgence pour couvrir un besoin imprévu (facilité de caisse, crédit spot…) avec des conditions de taux défavorables qui dégradent sa rentabilité.
  • Risque de non-conformité : l’entreprise ne respecte pas un ratio prudentiel ou une clause contractuelle (covenant) liés à son niveau de liquidité. Elle s’expose à des pénalités financières, voire une exigibilité anticipée de ses financements, ce qui peut précipiter une crise de liquidité.
  • Risque de réputation : les rumeurs d’un assèchement des liquidités se propagent auprès des partenaires (fournisseurs, banquiers, investisseurs…) avec un effet boule de neige : gel des lignes de crédit, durcissement des conditions de paiement, chute du cours de bourse…
  • Risque de défaut : pour faire face à ses engagements immédiats, l’entreprise cède des actifs dans l’urgence à des prix bradés ou se met en cessation de paiement si plus aucune solution de financement n’est possible.
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Les techniques et logiciels utilisés pour la prévision

Face à l’ampleur de ces risques, les grandes entreprises affinent sans cesse leurs dispositifs de gestion et de prévision des liquidités.

Techniques et logiciels utilisés pour la prévision

  • Cash pooling : centralisation quotidienne des soldes bancaires des filiales sur un compte pivot pour optimiser la gestion de trésorerie réduire les besoins de financement externes. Très utilisé dans les groupes internationaux.
  • Netting : compensation multilatérale des dettes et créances intra-groupe pour réduire les flux transfrontaliers et les coûts associés aux commissions bancaires.
  • Affacturage : mobilisation des créances clients auprès d’un établissement financier (le “factor”) pour accélérer les entrées de cash. Le factor peut également prendre en charge le risque d’impayés.
  • Titrisation : cession de créances à un véhicule ad-hoc (SPV) qui émet des titres négociables adossés à ces créances. Cela permet de sortir des actifs du bilan et de lever des liquidités.
  • Financement en devise : lever de la dette dans une devise à faible taux d’intérêt pour financer des besoins dans une devise à taux plus élevé.

Impact des nouvelles technologies sur la gestion des liquidités

  • La fonction trésorerie connaît une véritable révolution technologique qui bouleverse ses méthodes de gestion des liquidités :
    • Logiciels de trésorerie nouvelle génération : alimentés en temps réel via des API, ils permettent une consolidation automatisée des positions, des prévisions collaboratives et des reportings “au fil de l’eau”. Le trésorier dispose d’une visibilité accrue pour anticiper ses besoins de liquidité.
    • Paiements instantanés : avec le virement SEPA instantané, aussi appelé SCT Inst (SEPA Credit Transfer Instant), les fonds sont transférés en quelques secondes 24h/24 et 7j/7. Le trésorier peut optimiser sa gestion des liquidités “intra-day” et ses arbitrages de placement.
    • Open Banking : avec la directive DSP2 (Directive sur les Services de Paiement 2), les entreprises peuvent interconnecter leurs systèmes internes aux données bancaires et initier des paiements sans passer par le portail de la banque. Un gain de fluidité dans les échanges favorisant une gestion proactive des liquidités.
    • Intelligence artificielle : couplés à l’IA, les logiciels de trésorerie permettent désormais de modéliser plus finement les flux de liquidité, de détecter les anomalies et de proposer des scénarios prédictifs. C’est une aide précieuse pour sécuriser ses prévisions dans un environnement volatil.

Les perspectives et défis futurs de la gestion de la liquidité

  • Avec la crise du Covid-19, bon nombre d’entreprises ont (re)découvert que la trésorerie est le carburant indispensable de la relance, au même titre que le capital humain ou l’outil de production. Celles qui avaient anticipé la tempête en préservant leur matelas de liquidités ont pu redémarrer plus vite et capter de nouvelles opportunités de croissance.Trois tendances de fond sont particulièrement évidentes depuis plusieurs mois :
    • L’automatisation : les entreprises adoptent en masse des logiciels de trésorerie intégrant l’IA pour analyser leur trésorerie en temps réel. Le défi concret est d’intégrer ces systèmes aux infrastructures existantes et de former le personnel à leur utilisation efficace.
    • La gestion des risques : face à la volatilité des taux d’intérêt, les directeurs financement et trésorerie sont très vigilants sur leurs liquidités. Aujourd’hui, ils luttent au quotidien pour maintenir des lignes de crédit flexibles afin de faire face à des besoins soudains de liquidité.
    • La cybersécurité : les menaces viennent du piratage des systèmes de paiement et des fraudes au virement. Le marché des outils de sécurité bancaire, notamment les outils d’authentification et de biométrie, est aujourd’hui très porteur.
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A propos de l’auteur

Valérie Lafaury, Chief Marketing Officer

Valérie est la CMO de Diapason, la solution qui simplifie la gestion de trésorerie des entreprises. Elle rédige les communiqués de presse, les articles de fond et d’actualité sur les sujets autour du métier de trésorier. Son objectif est de fournir aux trésoriers des informations utiles et pratiques pour optimiser leur gestion de trésorerie et les aider dans leur quotidien.

Valerie Lafaury

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