La norme, ISO 20022, ne date pas d’aujourd’hui. Introduite en Europe en 2012, cette norme internationale d’échange de messages électroniques entre les institutions financières et les entreprises a été découverte lors du passage obligatoire aux virements et prélèvements SEPA, (l’espace unique de paiement en euros), puis, au travers de diverses offres de formats bancaires tels que les virements internationaux, urgents, de trésorerie XML, relevés de comptes XML.
Cette migration vers le standard ISO 20022 se fait progressivement. L’objectif est de couvrir l’ensemble des échanges interbancaires avant la fin 2025.
La migration ISO 20022, c’est pour qui et c’est pour quand ?
La migration ISO 20022, est un projet de migration, ou plutôt de simplification et de centralisation destiné aux banques. Elle a pour objectif de favoriser une convergence à l’échelle mondiale de toutes les normes de messages pour que tous les différents services financiers dotés de leur propre système de paiement puissent communiquer entre eux.
Cette migration a commencé par les systèmes interbancaires et les banques, et va bientôt impacter les entreprises. Mais impossible de savoir quand ? Cependant, au fur et à mesure que les banques mettent à jour leurs systèmes et sont capables de traiter nativement l’ISO 20022, elles demandent à leurs clients de migrer également leurs messages vers cette nouvelle norme.
Le mouvement lancé il y a une dizaine d’années avec le passage au SEPA s’accélère aujourd’hui, et les formats les plus traditionnels sont voués à disparaître, car ce projet a déjà démarré et se conclura d’ici novembre 2025.
Comment cela se passe pour les entreprises ?
La migration vers cette norme pour les entreprises débutera au moment où leurs banques auront migré.
L’un des principaux changements sera l’apparition de nouvelles exigences sur les adresses. En effet, la nouvelle réglementation demande d’envoyer dans les systèmes de paiement des adresses de plus en plus précises pour pouvoir passer dans les formats ISO 20022.
Les anciens formats, tels que CFONB 320 en France, ou le DTAZV en Allemagne, ne sont pas compatibles avec ces nouvelles données et seront donc voués à disparaitre à moyen terme.
Quels sont les changements que vont voir apparaître les entreprises ?
Premièrement, les entreprises vont avoir la possibilité de véhiculer beaucoup plus d’informations concernant les paiements. La structure ISO 20022 autorise des références multiples, ce qui va permettre de simplifier la réconciliation des paiements entrants avec les factures émises. Deuxièmement, les données sont plus structurées, le traitement au sein des banques va s’améliorer et le processus de traitement automatisé « straight through processing » (STP) va aussi s’accélérer.
Si chaque acteur joue son rôle, le système de paiement sera plus innovant et performant.
Pourquoi aucun trésorier ne doit ignorer cette norme ?
Les trésoriers sont exposés à la gestion des systèmes informatiques, mais également aux demandes de reporting de la part des directeurs financiers ou bien des actionnaires.
Cette nouvelle norme va avoir un impact direct sur ces parties prenantes. Il est donc primordial pour le trésorier de les informer des évolutions afin qu’ils puissent anticiper la mise en place d’un nouveau reporting et être proactif sur le sujet plutôt que de le subir.
Cette migration ISO 20022 est aussi un véritable différenciateur sur le plan économique de l’entreprise, car elle apporte un nouveau niveau de finesse au reporting, et va permettre de fournir davantage d’informations à la direction et aux actionnaires.
Pour le trésorier, cette migration est une vraie valeur ajoutée, il va pouvoir se positionner comme véritable pilier au sein de l’entreprise. Il est vrai que dans certaines entreprises, l’image du trésorier est encore trop faiblement perçue pour être une vraie partie prenante.
Cette migration est donc pour lui, l’occasion de se positionner en leader et d’insister sur le fait que le service trésorerie doit jouer un rôle dans la transformation de l’entreprise.
Le reporting financier est une obligation légale, le reporting trésorerie quant à lui est une nécessité managériale. Toutes les initiatives qui amènent à renforcer et augmenter la valeur ajoutée du reporting de trésorerie permettent au trésorier et aux équipes dirigeantes de mieux naviguer dans ce contexte économique perturbé.
Quelles actions entreprendre pour tirer bénéfice de la norme ISO 20022 ?
La première chose qu’un trésorier doit faire, c’est de contacter sa banque pour savoir si celle-ci propose les nouveaux formats exigés pour remplacer les formats actuels (comme par exemple le MT101 pour les paiements, ou le MT940 pour le reporting), car tous les formats seront transformés en XML.
Une fois les formats bien identifiés auprès de votre banque, il faut s’assurer que votre outil de gestion de trésorerie permet d’intégrer et de gérer ces nouveaux formats. Il faudra sans doute faire une migration de votre solution pour que la conversion d’un format fixe à un format XML ou inversement puisse s’effectuer et permettre ainsi de transmettre les éléments à votre outil comptable.
En résumé, Il y a donc un premier travail à faire auprès de vos banques et le deuxième auprès de votre service informatique ou votre éditeur de votre solution TMS pour s’assurer que ces nouveaux formats soient bien ingérés.
Le standard ISO 20022 bénéficiera-t-il à d’autres départements que la trésorerie ?
La prochaine réglementation prévue pour les entreprises est la facturation électronique. Cette nouvelle réglementation obligatoire à partir du 1er juillet 2024 va permettre une meilleure traçabilité des échanges. En effet, cette dématérialisation va offrir la possibilité aux entreprises, d’une part, d’optimiser leur chaîne de rapprochement bancaires. Et d’autre part de pouvoir, si elles le souhaitent, adopter une meilleure finesse en termes de prévision de trésorerie et peut être avoir des prévisions factures par facture qui sera sans doute un gain non-négligeable.
La migration ISO 20022 ne concerne que les formats de paiements. Les opérations financières resteront sur les messages actuels, et les opérations de marchés ne seront pas comprises dans le scope de la migration.
C’est assez simple, les entreprises vont refaire en cette année ce qu’elles ont fait en 2012 lors du passage au SEPA. Elles vont profiter de cette nouvelle réglementation pour homogénéiser leurs chaînes de paiements et passer en XML.
Cette norme réglementaire, imposée aux banques, doit être vue comme une opportunité pour les entreprises. Elle va permettre de rationaliser les systèmes, d’améliorer la productivité, de simplifier le format bancaire et d’avoir un seul et même format compréhensif au sein de l’organisation.
Cette migration s’opère déjà au sein de nos banques et de nos entreprises. L’adoption de ce nouveau format permettra aux établissements financiers d’échanger des données plus détaillées, plus rapidement et dans un format mieux structuré.
A propos de l’auteur
Célia Tinoco, Chargée de Marketing & Communication
Célia a rejoint l’équipe Marketing en tant que Chargée de Marketing & Communication. Ainsi, sur la partie content, elle rédige des articles de fond et d’actualité sur les sujets autour du métier de trésorier. De la sorte, elle espère donner aux trésoriers des clefs pour mieux maîtriser leur gestion de trésorerie et les accompagner au quotidien.